SURVEILLANCE DU RACHIS DE L’ENFANT

SURVEILLANCE DU RACHIS DE L’ENFANT

Savoir dépister aux bons moments

 

Docteur Damien FRON

 

  1. Quelles sont les pathologies rachidiennes les plus fréquentes chez l’enfant ?
    • Scoliose

q Déformation non douloureuse

q Gibbosité

    • Cyphose

q Peut être douloureuse (Scheuerman)

q Le plus souvent asthénique

    • Spondylolisthesis

q Fréquent mais le plus souvent asymptomatique

q Lombalgies

    • Dorsalgies banales

q Post-traumatiques

q Peuvent révéler une infection ou une tumeur

q Le plus souvent fonctionnelles

q La scintigraphie peut être un bon examen de débrouillage

  1. L’examen du rachis
    • Il se fait sur un enfant debout et torse nu
    • Il est rapide : recherche d’un déséquilibre, d’une zone douloureuse à la palpation, d’une gibbosité lors de la manœuvre d’anteflexion
  2. La scoliose se diagnostique cliniquement par la gibbosité

La gibbosité se recherche sur un patient torse nu par la manœuvre de flexion antérieure du tronc. Elle se définit par une asymétrie par rapport à la ligne des épineuses. Elle est le témoin de la rotation vertébrale qui est l’élément clé de la scoliose.

  1. La scoliose n’est pas douloureuse

En cas de douleurs, un bilan est nécessaire (biologie, radio selon le type de douleurs) : recherche une infection ou une tumeur

  1. Scoliose aux différents âges
    • La plus fréquente : scoliose idiopathique de l’adolescente (autour de la puberté)
    • Scoliose du nourrisson : évolution souvent spontanément favorable
    • Scoliose du jeune enfant

q Malformative (hémi vertèbre) : traitement chirurgical parfois nécessaire vers 3 ans

q Scoliose idiopathique infantile : évolution souvent péjorative nécessitant un traitement orthopédique lourd et prolongé souvent complété par une intervention chirurgicale

  1. L’attitude scoliotique n’est pas une scoliose

L’attitude scoliotique est une déformation secondaire du rachis, le plus souvent par inégalité de longueur des membres inférieurs. Le rachis ne fait que compenser l’obliquité du bassin. Il n’y a donc pas de gibbosité (et pas de rotation vertébrale)!

  1. La gibbosité nécessite un bilan radiographique

Afin d’évaluer l’importance et la cause de la scoliose, il est nécessaire de réaliser un bilan radiographique (demander un rachis total de face et de profil debout). Ne pas multiplier les examens radiographiques!

Il faut également compenser une éventuelle inégalité de longueur des membres inférieurs en réalisant la radio avec une talonnette sous le membre le plus court.

La radio permettra d’évaluer l’importance de la scoliose en mesurant l’angle de Cobb.

  1. Quel est le traitement (très) schématique d’une scoliose ?
  • Angulation < 15-20° : kinésithérapie (éducation posturale, lutte contre les rétractions musculaires, postures de détorsion, amélioration de la musculature du tronc et des racines)
  • Angulation > 15-20° : traitement orthopédique par corset nécessitant un suivi spécialisé. Kinésithérapie associée
  • Angulation > 40-50° : traitement chirurgical
  1. Surveillance d’une scoliose traitée par corset
    • Relève du spécialiste qui a prescrit le corset
    • Attention à la multiplication des radiographies. Ne pas refaire des radios entre les consultations spécialisées
    • Tolérance du corset : point d’appui
    • Observance du traitement +++
  2. Pas de dispense de sport systématique !!!!

Il n’y a aucune raison de dispenser ces enfants d’activités sportives, bien au contraire! Le sport ne déclenche ni n’aggrave une scoliose !

  1. La cyphose
    • Elle peut être douloureuse (Maladie de Scheuerman ou dystrophie vertébrale de croissance)
    • C’est souvent une cyphose asthénique de l’adolescent : attitude cyphotique en rapport avec  une faiblesse musculaire et la mauvaise tenue rachidienne (courbé, épaules en avant)
    • Ce qui les différencie : la douleur, la radio. La cyphose asthénique n’est jamais douloureuse, la maladie de Scheuermann l’est parfois.
  • La radiographie simple est normale dans l’attitude cyphotique; elle retrouve des anomalies vertébrales dans la maladie de Scheuermann (hernies intraspongieuses, aspect feuilleté des plateaux, déformation trapézoïdale des corps vertébraux).
  • Le risque évolutif ne concerne que la maladie de Scheuermann : déformations vertébrales et cyphose fixée.
  • Le traitement dans la maladie de Scheuermann est utile si la croissance n’est pas terminée : corset anti-cyphose pour éviter les déformations vertébrales ou chirurgie dans les formes sévères.
  • En cas de symptomatologie douloureuse (mais ça ne suffit pas)
  • Avant de rédiger un certificat d’aptitude sportive (mais certains ne sont pas sportifs)
  • Périodes charnières :
  1. Quand et à quel rythme examiner le rachis des enfants ?

q  Après l’acquisition de la marche

q  Début de la puberté (période de forte croissance rachidienne avec risque d’aggravation importante d’une scoliose)

  1. Quand arrêter de traiter et surveiller une scoliose ?
    • Le traitement orthopédique est justifié jusqu’à la fin de la croissance (Risser 4)
    • La scoliose pourra continuer d’évoluer après la fin de la croissance d’autant plus que la courbure sera importante (> 30-35°) mais à un rythme beaucoup plus lent
  2. Quand demander un examen complémentaire ?
    • Devant une gibbosité ou une déformation cyphotique : radiographie simple
    • Bilan d’une lombalgie ou d’une dorsalgie
    • Eviter les scanners ou IRM de débrouillage
    • Surveillance d’une scoliose : radiographies tous les 4 à 6 mois

 

L’EXAMEN DES PAIRES CRANIENNES

L’EXAMEN DES PAIRES CRANIENNES

Une séméiologie rigoureuse à toujours garder en tête

 

Docteur Marc ROUSSEAUX

 

Introduction

Les nerfs crâniens peuvent être atteints :

De façon isolée ou associée.

De façon partielle ou complète.

Les fonctions des nerfs crâniens peuvent être affectées :

Par des atteintes périphériques ou centrales,

Pour les trois grandes fonctions, motricité, perception et contrôle viscéral.

Les déficiences sont très variables d’un cas à l’autre.

Nous envisagerons essentiellement l’examen des atteintes périphériques

 Généralités

  • Examen de la part motrice :

Toujours au repos puis au mouvement volontaire.

Toujours comparatif des deux côtés.

  • Examen de la part perceptive :

Supprimer le contrôle par les autres sens (vision).

Toujours comparatif des deux côtés.

Si doute, tromper le patient par essais vides.

Notion de seuil perceptif.

  • Examen de la part viscérale :

Plus difficile.

NERF OLFACTIF

Neurone olfactif : partie postérieure fosses nasales (chemo récepteurs).

Trajet : Axones traversent la lame criblée et rejoignent le bulbe olfactif. Projection sur cortex piriforme et para hippocampique.

Perceptions : odeurs et gout (fin).

 

Perception olfactive :

 

Interrogatoire :

Hyposmie ou anosmie.

Parosmies ou cacosmies, hallucinations.

Vécu psychologique.

Examen :

Identification yeux fermés substances non irritantes (café, musc).

Chaque narine séparément.

Perception gustative fine (d’origine olfactive)

Interrogatoire :

Agueusie.

Examen :

Identification – discrimination gouts élaborés (aliments).

NERF OPTIQUE

Origine : cônes et bâtonnets puis neurones. Axones ganglionnaires forment papille puis nerf optique.

Trajet : partie postérieure de l’orbite puis en sort (sphénoïde) puis chiasma.

Perception : deux systèmes :

  • Parvocellulaire (80%) projection occipito-temporale (couleur, forme).
  • Magno-cellulaire projection occipito-pariétale (lieu, mouvement).

Perception visuelle 1 (acuité visuelle) :

Interrogatoire :

Baisse de vision uni ou bilatérale et conséquences.

Examen :

Acuité visuelle, avec et sans correction.

Perception visuelle 2 (champ visuel) :

Interrogatoire :

Absence de perception unilatérale. Et conséquences ++

Examen :

Champ visuel, doigts ou objet (par œil et quadrant).

Motricité réflexe :

Réflexes photo-moteur et consensuel.

Examen du fond d’œil éventuel

NERF OCULO-MOTEUR

Trajet : émerge du pédoncule puis sinus caverneux, fissure orbitaire supérieure. Division dans l’orbite.

Moteur : noyau dans tegmentum mésencéphalique. Pour  releveur paupière supérieure, droit supérieur, inférieur, interne, petit oblique.

Fibres viscérales pour muscles ciliaire et sphincter iris (parasympathiques).

Motricité extrinsèque (relèvement paupière, adduction, élévation, abaissement, extorsion) :

Interrogatoire :

Diplopie croisée avec décalage vertical.

Examen :

Ptosis. Paralysie relèvement de la paupière supérieure.

Œil repos : strabisme  divergent (exotropie) (principe : œil atteint attiré par antagonistes muscles paralysés).

Œil mouvements : paralysie adduction, élévation et abaissement. Faire cover-test et éventuellement au verre rouge.

Motricité intrinsèque (accommodation, constriction pupille) :

Examen :

Mydriase + aréactivité convergence et lumière

NERF PATHETIQUE

Trajet : Emergence à la jonction ponto-mésencéphalique, puis sinus caverneux, puis orbite.

Moteur : noyau sous celui du III. Pour grand oblique (supérieur).

Motricité extrinsèque (intorsion, abaissement et abduction discrète) :

Interrogatoire :

Diplopie oblique.

Examen :

Repos œil : strabisme oblique (déviation vers haut et intérieur) avec extorsion.

Repos tête : inclinaison côté sain (compensatrice).

Mouvement œil : paralysie abaissement et abduction (partiel).

Mouvement tête : inclinaison côté paralysé accentue diplopie et divergence (Bielschowsky)

NERF ABDUCTEUR

Trajet : émerge à la jonction bulbo-protubérantielle puis vers le sinus caverneux puis orbite.

Moteur : noyau à la partie inférieure/postérieure protubérance. Pour muscle moteur oculaire externe.

Motricité extrinsèque (abduction) :

Interrogatoire :

Diplopie horizontale prédominant du côté paralysé.

Examen :

Repos œil : Strabisme convergent (esotropie). Faire cover test : divergence plus sévère quand œil atteint fixe.

Repos tête : torsion côté déficitaire (compensatrice).

Mouvements œil : paralysie abduction. Remarque : toujours paralysie de latéralité si atteinte nucléaire.

Fonctions supra et internucléaires

Mouvements de verticalité contrôlés par noyau pédonculaire supérieur (au dessus du noyau du III). Qui projette sur deux noyaux du III.

Mouvements de latéralité contrôlés par noyau pontique paramédian (a coté du noyau du VI). Qui projette sur noyaux du VI ipsilatéral et du III controlatéral.

  • Lésion noyau pédonculaire :

Paralysie élévation et abaissement bilatérale, parfois dissocié et prédominant sur élévation et saccades (ancien syndrome de Parinaud).

  •  Lésion noyau pontique :

Paralysie latéralité ipsilésionnelle.

  • Lésion voie reliant noyau pontique ou du VI au III controlatéral (ophtalmoplégie inter nucléaire) :

Paralysie adduction œil controlésionnel et nystagmus œil abducteur ipsilésionnel.

Fréquent dans la SEP.

NERF TRIJUMEAU

Trajet :

Sensoriel: territoire ophtalmique de Willis (V1), nasal, frontal, lacrymal, maxillaire supérieur (V2), maxillaire inférieur (V3).

Moteur : (tronc antérieur maxillaire inférieur) pour muscles  temporal, massétérin, ptérygoïdiens internes et externes, péristaphylin, du marteau.

Sensibilité (hémiface, cornée, partie interne de joue et langue antérieure) :

Interrogatoire :

Douleurs spontanées et/ou affleurement cutané et/ou mouvement (mastication).

Examen :

Recherche de douleurs provoquées. Hypoesthésie dans 3 territoires + cornée (comparatif). Lésions cutanées cornée). Perte réflexes cornéen, orbiculaire

Motricité (fermeture bouche):

Interrogatoire :

Troubles mastication.

Examen :

Repos : perte relief + palpation.

Fermeture forcée bouche : paralysie palpable.

Ouverture forcée bouche : déviation mandibule coté paralysé.

NERF FACIAL

Trajet : émerge du sillon bulbo-protubérantiel puis aqueduc de Fallope avec trajet en baïonnette, puis cervical.

Moteur : noyau protubérantiel.  Pour muscles face + peaucier du cou.

Sensitif et viscéral (nerf intermédiaire de Wrisberg) : fibres sécrétoires, gustatives et partiellement sensitives.

Motricité  (hémiface, peaucier du cou) : 

Interrogatoire :

Dysphagie, dysarthrie.

Hyperacousie, phonophobie (rare, lésion proximale).

Examen :

Repos : asymétrie faciale, bavage, inocclusion palpébrale. Parfois hémispasme.

Mouvements : examen dans 3 territoires. Augmentent l’asymétrie. Elévation globe oculaire si fermeture forcée yeux (signe de Charles Bell). Parfois hémispasme.

Atteinte réflexes cornéen, clignement (menace et naso-palpébral).

Sensibilité  (conduit auditif externe) :

Examen :

Hypoesthésie zone de Ramsay-Hunt.

Goût (2/3 antérieurs de la langue) :

Interrogatoire :

Agueusie (lésion proximale du nerf).

Examen :

Perte perception salé, sucré, amer, acide.

Sécrétion salivaire (contrôle partiel) :

Interrogatoire :

Sécheresse de bouche (rare).

Examen :

Diminution de la salivation (parotide).

Sécrétion lacrymale :

Examen :

Larmoiement ou tarissement (lésion proximale).

NERF COCHLEAIRE

Origine : récepteurs oreille interne (cochlée).

Trajet : racine acoustique puis entrée dans le tronc (sillon bulbo-protubérantiel).

Voies centrales : noyau acoustique bulbe latéral. Voie ascendante : colliculus inférieur, corps genouillé interne puis cortex primaire (A1).

Perception auditive (hauteur et intensité des sons) :

Interrogatoire :

Hypoacousie, compréhension difficile. Acouphènes.

Examen :

Perception frottement des doigts et diapason (comparatif).

Perception vibratoire (conductions aérienne et osseuse) :

Test de Weber : par voie osseuse, son perçu par oreille saine si surdité de perception, plutôt par l’oreille affectée ou des 2 cotés si surdité de transmission.

Test de Rinne : son mieux perçu par voie aérienne si sujet normal ou surdité de perception (Rinne positif); mieux perçu par voie osseuse si surdité de transmission (Rinne négatif).

NERF VESTIBULAIRE

Origine : canaux semi-circulaires, utricule et saccule. Récepteurs : activité spontanée, augmentée par mouvements de tête.

Trajet : nerf pénètre dans le sillon bulbo-protubérantiel.

Voies centrales : noyaux vestibulaires. Puis vers moelle épinière, substance réticulée, noyaux oculomoteurs, cervelet et cortex pariéto-insulaire.

Fonction vestibulaire :

Interrogatoire :

Vertiges : distinguer vertiges vrais / subjectifs. Nausées.

Examen :

Trouble postural : déviation côté lésé augmentée yeux fermés. Test de Romberg : debout pieds joints, yeux ouverts. Test de Fukuda : marche sur place.

Nystagmus : mouvement lent puis rapide (rappel). Sens = secousse rapide. Atteinte périphérique : bat vers oreille saine. Atteintes centrales : peut être rotatoire (bulbaire), horizontal (protubérantiel) ou vertical (pédonculaire).

Mobilisations latérales rapides de la tête. Déclenchent un nystagmus dans les atteintes centrales.

Verticale subjective visuelle et corporelle: rotation.

NERF PHARYNGIEN

Trajet : Sort du bulbe puis trou déchiré postérieur, puis cervical vers base langue.

Moteur : noyau ambigu. Pour muscles stylo-pharyngien et constricteur supérieur du pharynx.

Sensitif : tympan, sinus mastoïdien, tiers postérieur langue, amygdale, piliers du voile et parois pharynx.

Viscéral : parotide, gustatif postérieur langue.

               

Moteur : partiellement pour pharynx.

Interrogatoire :

Dysphagie, dysarthrie.

Examen :

Asymétrie discrète voile repos.

Sensitif : surtout.

Interrogatoire :

Névralgies glosso-pharyngiennes, déglutition et parole.

Examen :

Hypoesthésie voile, pharynx, 1/3 postérieur langue.

Viscéral :

Examen :

Gout 1/3 postérieur de la langue.

NERF VAGUE

Trajet : Sort du bulbe puis trou déchiré postérieur, puis cervical puis thorax.

Moteur : tous muscles pharynx et larynx.

Sensitif : voile du palais, épiglotte, base langue et pharynx avec nerf pharyngé. Plus larynx et partie trachée, œsophage.

Viscéral : récepteurs sinus carotidien. Efférences viscérales cœur, poumon, œsophage.

Moteur : muscles pharyngés et laryngés (hémi-voile)

Interrogatoire :

Dysphagie, dysphonie, dysarthrie.

Examen :

Asymétrie voile au repos. Augmentée par mouvement.

Dysphonie. Si paralysie larynx en adduction, voix bitonale.

Atteinte réflexes

Sensitif : voile, base de la langue, larynx et pharynx

Interrogatoire :

Syndrome douloureux possible. Dysphagie.

Examen :

Anesthésie. Si nerf pharyngé intact, très réduite.

Viscéral : contrôle fréquence cardiaque

Hypo activité vagale : réduction réponse cardiaque ventilation, Valsalva.

NERF SPINAL

Trajet : branche bulbaire par trou déchiré postérieur. Branche médullaire dans canal rachidien, puis trou occipital, puis trou déchiré postérieur.

Moteur médullaire : participe au nerf récurrent pour larynx.

Moteur spinal : pour sterno-cléido-mastoïdien et trapèze (surtout supérieur).

Moteur 1 : participation contrôle moteur laryngé.

Interrogatoire :

Dysphonie.

Examen :

Dysphonie, voix bitonale.

Paralysie partielle larynx.

Moteur 2 : motricité SCM et trapèze.

Interrogatoire :

Difficultés de rotation / flexion de tête.

Examen :

Paralysie SCM. Mouvement : déficit rotation et flexion tête.

Paralysie trapèze. Repos : moignon épaule abaissé et creux sus claviculaire plus profond.

Mouvement : déficit d’élévation épaule et souvent d’abduction du bras.

NERF LINGUAL

Trajet : quitte le tronc cérébral en avant, puis canal condylien antérieur puis espace sous parotidien postérieur et pénètre dans la langue.

Moteur pur : pour muscles de la langue.

Moteur pur (hémi-langue) :

Interrogatoire :

Dysphagie, dysarthrie.

 Examen :

Repos : amyotrophie de l’hémi-langue avec sillons.

Protraction : déviation côté paralysé. Parfois fasciculation. Si bilatéral, déficit global de protraction.

ANTIBIOTHERAPIE EN MEDECINE GENERALE

ANTIBIOTHERAPIE EN MEDECINE GENERALE

Savoir attendre, choisir, changer

 

Professeur Eric SENEVILLE

 

L’un des enjeux actuels en infectiologie concerne le niveau de la résistance aux antibiotiques atteint par certaines bactéries parmi lesquelles E. coli y compris les souches d’origine communautaire.

La résistance aux antibiotiques des bacilles à Gram négatif (BGN) est actuellement beaucoup plus préoccupante en France que celle du staphylocoque doré pour au moins deux raisons : le risque  de diffusion à partir du tube digestif (BGN) est plus difficilement maitrisable qu’en cas de transmission cutanée (S. doré) et nous avons actuellement un déficit de production de nouveaux antibiotiques actifs sur les BGN multi-résistants tel que nous sommes désormais confrontés à des bactéries  pratiquement résistantes à tous les antibiotiques. On estime que cette situation est à l’origine d’environ 25.000 morts par an en Europe.

La seule solution pour renverser cette situation catastrophique est de réduire la consommation d’antibiotiques. Les âges extrêmes correspondent aux consommations d’antibiotiques non motivées les plus élevées. Chez les enfants il s’agit essentiellement des infections des voies aériennes supérieures alors que chez la personne âgée, il s’agira des infections urinaires et des infections de plaie chronique.

Il existe deux outils diagnostiques fiables de diagnostic positif d’infection bactérienne disponibles en ville dont l’utilisation est le moyen le plus efficace pour réduire (et adapter dans certains cas) le recours à l’antibiothérapie.

 

Le Test de Diagnostic Rapide (TDR) 

50 à 90% des angines sont virales (environ 9 millions d’épisodes par an en France)

Le TDR n’est à faire que devant une forme érythémateuse ou érythémato-pultacée

Performances du TDR:

sensibilité: 90 %

spécificité : 95 %

valeur prédictive positive: 90 %

valeur prédictive négative : 96 %

A l’exception de la diphtérie, de la syphilis et du gonocoque, la seule bactérie à envisager pour l’antibiothérapie est le streptocoque β-hémolytique du groupe A (S. pyogenes):

25-40% chez l’enfant

10-25% chez l’adulte

 

La bandelette urinaire (BU)

  • Chez la femme = haute valeur prédictive négative

leucocytes -  et nitrites -

donc, rechercher un autre diagnostic

  • Chez l’homme = haute valeur prédictive positive

leucocytes + ou nitrites + :

à confirmer par ECBU

si BU négative : n’exclut pas le diagnostic d’infection urinaire

 

 

Infection d’une plaie

Le diagnostic est clinique = au moins 2 parmi les éléments suivants :

gonflement

augmentation de la chaleur locale

douleur

érythème d’au moins 0,5-2 cm autour de la plaie

présence de pus

 

En cas de plaie chronique (ulcère, escarre, mal perforant plantaire) :

 

►    L’antibiothérapie (locale et systémique) n’a pas montré qu’elle:

- favorisait la cicatrisation

- empêchait l’infection de survenir

- améliorait le pronostic des patients

Alors que

►    L’antibiothérapie (locale et systémique) a montré qu’elle:

- augmentait le risque d’effets secondaires

- favorisait l’émergence de bactéries résistantes

- augmentait les coûts

►   PAS D’ANTIBIOTHERAPIE DES PLAIES EN L’ABSENCE D’INFECTION AVEREE

 

LES DOULEURS NEUROPATHIQUES

LES DOULEURS NEUROPATHIQUES

Comprendre pour mieux traiter

 

Professeur Serge BLOND

 

Les douleurs neuropathiques sont des douleurs secondaires à une lésion ou à une maladie affectant le système neuro-sensoriel : dans ce contexte, le système nociceptif est lésé soit au niveau périphérique (nerfs, ganglions sensitifs, racines, plexus), soit au niveau central (moelle épinière, cerveau). Ces douleurs surviennent donc dans une zone parfois très déficitaire correspondant aux territoires d’innervation de la lésion nerveuse.

 

Elles s’opposent totalement aux douleurs inflammatoires qui sont en rapport avec une lésion tissulaire. Dans ce cas, la lésion a entraîné une libération locale de substances inflammatoires, initialement responsables d’une sensibilisation des nocicepteurs périphériques, puis ensuite d’une activité centrale anormale de type sensibilisation. Ces douleurs, également appelées « douleurs par excès de nociception » sont notamment représentées par les douleurs directement liées à une évolutivité cancéreuse, les douleurs post-opératoires et les douleurs rhumatologiques (douleurs d’arthrose et d’arthrite). Elles répondent aux anti-inflammatoires et aux antalgiques habituels depuis le palier 1 jusqu’au palier 3.

 

Les douleurs neuropathiques doivent être bien distinctes d’autres douleurs, également fréquentes en clinique quotidienne, ne résultant ni d’une inflammation ni d’une lésion nerveuse patente. Elles sont appelées idiopathiques, psychogènes et plus récemment « dysfonctionnelles ». En effet, elles sont la conséquence d’un dysfonctionnement d’origine centrale des contrôles modulateurs de la douleur. Elles sont représentées par les douleurs de la fibromyalgie, du syndrome du côlon irritable, des céphalées de tension, de certaines algies orofaciales idiopathiques et de certaines lombalgies chroniques.
Enfin, il convient de ne pas méconnaître des douleurs « mixtes » : leur origine associe à la fois des phénomènes neuropathiques locaux et des phénomènes de compression mécanique ou encore une action de médiateur de l’inflammation, l’ensemble contribuant à l’entretien et à la pérennisation de ces douleurs.

 

Le diagnostic de douleurs neuropathiques repose sur un interrogatoire minutieux et un examen clinique bien conduit. En 1er lieu, il convient de rechercher, dans l’anamnèse, la preuve d’une lésion ou d’une maladie du système nerveux périphérique ou central. Souvent, existe un intervalle libre entre la lésion et l’apparition de la douleur. La chronicité est établie par la persistance de la douleur depuis plus de 3 mois. Ensuite, il convient de repérer une séméiologie douloureuse spécifique : la douleur neuropathique se caractérise par une composante spontanée (en l’absence de toute stimulation), continue ou paroxystique et des douleurs provoquées par différentes stimulations (tactiles, thermiques). Ces deux composantes existent seules ou en association chez un même patient qui utilise toujours un vocabulaire très caractéristique : brûlures, froid douloureux, décharges électriques. La douleur est fréquemment associée à des sensations anormales (paresthésies, dysesthésies), non douloureuses mais souvent désagréables telles que fourmillements, picotements, démangeaisons, engourdissement.

 

Dans ce contexte, l’examen clinique est essentiel : il recherche des signes neurologiques déficitaires (déficit sensitif tactile, à la piqûre, au chaud ou au froid) et permet de s’assurer que les douleurs spontanées ou évoquées se situent bien dans un territoire compatible avec une lésion neurologique périphérique ou centrale. Parmi ces douleurs évoquées, l’on cite classiquement l’allodynie, se caractérisant par une douleur provoquée par un stimulus qui normalement ne produit pas de douleur, et l’hyperalgésie se caractérisant comme une réponse exagérée à une stimulation qui, normalement, est douloureuse.

 

C’est la convergence des données de l’interrogatoire et de l’examen clinique qui permet de reconnaître une douleur neuropathique : l’utilisation d’outils diagnostiques peut parfois constituer une aide précieuse : il s’agit notamment de l’outil DN4 (douleurs neuropathiques en 4 questions).

 

Face à une douleur neuropathique, il convient de mener une enquête lésionnelle et étiologique en s’aidant des examens complémentaires appropriés, dans le but de confirmer la lésion neurologique en cause et d’en établir l’étiologie et éventuellement le pronostic. En outre, dans certains cas, le diagnostic peut être confirmé par des explorations électrophysiologiques non pas tant l’électromyogramme que l’analyse des Potentiels Evoqués Somesthésiques (évaluation de la conduction des fibres sensitives de gros calibres) ou encore l’étude des Potentiels Evoqués Nociceptifs par stimulation laser (étude du fonctionnement des fibres sensitives de petits calibres), l’ensemble permettant un démembrement progressif des différents douleurs neuropathiques.
Ces douleurs constituent « un modèle de douleur chronique » : dans ces conditions, il convient de souligner l’importance des facteurs psychologiques, considérés comme des facteurs de modulation de l’intensité de la douleur et de son retentissement fonctionnel. Ils peuvent être consécutifs à la pérennisation de la douleur, mais peuvent également préexister à l’état douloureux et constituer des facteurs évidents de vulnérabilité. En outre, il convient de souligner l’importance des facteurs cognitifs et notamment des croyances dans la persistance de la douleur et l’élaboration d’un état de souffrance « globale ».

 

Les étiologies des douleurs neuropathiques sont nombreuses : elles peuvent être périphériques (radiculopathies, mono neuropathies notamment post-chirurgicales ou post-traumatiques, poly neuropathies notamment métaboliques, carentielles ou alcooliques), ou centrales (accidents vasculaires cérébral, ischémique ou hémorragique, lésions médullaires traumatiques, syringomyélies, scléroses en plaques…).

 

Plusieurs enquêtes épidémiologiques ont été menées en France à propos de la douleur : l’on estime la prévalence de la douleur chronique dans notre pays à 31,7 %. Sur la base des réponses au questionnaire DN4, la prévalence des douleurs chroniques ayant des caractéristiques neuropathiques a été estimée à 6,9 % de la population française !

 

Les douleurs neuropathiques ne répondent pas classiquement aux antalgiques habituels depuis l’aspirine jusqu’à la morphine. En 1ère intention, la prescription en monothérapie d’un antidépresseur tricyclique (exemple : amitryptilline 25-150 mg par jour) ou d’un anticonvulsivant gabapentinoïde (gabapentine 1200-3600 mg/j ou prégabaline 150-600 mg/j) est recommandée dans le traitement de la douleur neuropathique. Le choix entre ces différentes classes thérapeutiques est fonction du contexte, des comorbidités associées et de leurs sécurités d’emploi. L’efficacité des opioïdes forts (oxycodone, morphine, méthadone) est loin d’être établie : si elle existe, elle porte davantage sur la composante comportementale de la douleur que sur sa composante réellement sensori-discriminative. En outre, une telle prescription dans un contexte de douleurs chroniques non cancéreuses ne doit se concevoir que selon un contrat thérapeutique, bien établi entre le patient et son médecin en rappelant notamment que cette prescription n’est pas « une fin en soi » et suppose notamment une franche amélioration fonctionnelle. Les risques de dépendance et d’accoutumance ne sont pas négligeables et dans ces conditions cette prescription doit s’entourer des précautions d’emploi usuelles des opiacés au long cours dans un contexte de douleurs chroniques bénignes.

 

Plus récemment, la duloxétine a démontré son intérêt dans certaines douleurs neuropathiques notamment périphériques avec une efficacité peut-être comparable à celle de la prégabaline, mais elle n’est pas recommandée en cas de pathologies hépatiques sévères ni en cas d’hypertension artérielle non contrôlée. Par ailleurs, le tramadol est parfois proposé en 1ère intention dans des douleurs neuropathiques, notamment associées à une forte composante nociceptive.

 

Dans ce contexte et notamment en cas de douleurs neuropathiques localisées, là où existe une franche allodynie au frottement, il convient de ne pas méconnaître l’intérêt des compresses imbibées de lidocaïne permettant ainsi d’atténuer certaines douleurs provoquées tout en signalant l’absence d’effets indésirables systémiques. De même, parmi les topiques locaux, il convient de souligner l’efficacité à long terme (3 mois) d’application unique de patches de capsaïcine à haute concentration (8 %) sur la zone douloureuse (pendant 60 à 90 mn) : ce nouveau traitement est encore en cours d’évaluation tout en faisant remarquer que l’application initiale souvent très douloureuse nécessite une surveillance du patient de préférence en hôpital de jour pendant l’application. Enfin, les effets à très long terme d’application répétée de ce produit sur la perception douloureuse ne sont pas clairement établis.

 

Dans les situations les plus pénibles, manifestement rebelles à tous les traitements classiques, l’on peut prévoir, sous couvert de l’absence de contre-indication notamment cardiologique, le recours à des perfusions intraveineuses de lidocaïne ou de kétamine à doses progressivement croissantes : si un effet antalgique est clairement démontré, ces traitements peuvent être répétés de façon régulière.

 

D’une manière générale, certaines informations essentielles doivent être transmises aux patients : les antalgiques usuels sont peu ou pas efficaces dans ce type de douleur ; les molécules prescrites sont utilisées dans d’autres indications, mais ont une activité analgésique propre ; les traitements proposés ont une efficacité le plus souvent partielle sur la douleur. Le délai d’action peut être retardé et dans ces conditions le traitement ne doit pas être interrompu trop tôt ; les traitements administrés par voie orale doivent être arrêtés de façon progressive afin d’éviter un risque de sevrage brutal à l’arrêt ; la plupart des effets indésirables surviennent au cours de l’augmentation des doses mais sont généralement réversibles.

Par ailleurs, il convient de ne pas méconnaître l’intérêt des techniques de neuromodulation en constant développement du fait de leurs améliorations techniques. Il s’agit notamment de la neurostimulation transcutanée à visée analgésique (à haute fréquence et à basse intensité), efficace en cas de douleurs neuropathiques périphériques focales sous couvert d’une évaluation initiale minutieuse et d’un suivi technique régulier. De même, la stimulation médullaire a largement démontré son intérêt sous couvert d’une sélection minutieuse des indications et d’une réalisation technique irréprochable : ces principales indications sont les douleurs neuropathiques consécutives à une lésion nerveuse périphérique, les algohallucinoses et les radiculalgies neuropathiques. Plus récemment, une extension prudente des indications concerne les syndromes douloureux régionaux complexes (algodystrophies et surtout causalgies). De même, la stimulation chronique du cortex moteur peut apporter un bénéfice significatif dans certaines douleurs neuropathiques essentiellement centrales (douleurs post-stroke, douleurs après avulsion du plexus brachial, douleurs neuropathiques trigéminales post-traumatiques ou post-opératoires).

 

Enfin, dans certains cas d’exceptions, une pharmacothérapie intrathécale peut être préconisée sous couvert d’une évaluation extrêmement minutieuse : il ne s’agit pas tant du recours à la morphine que de l’utilisation potentielle de la clonidine et surtout plus récemment du ziconotide, notamment proposé dans certaines douleurs neuropathiques d’origine médullaire.

 

 

Si le diagnostic de douleurs neuropathiques est désormais bien établi, leur traitement demeure difficile, basé plutôt sur la notion d’atténuation que de guérison. Cet objectif doit être clairement exprimé aux patients en sachant que la chronicisation de ces douleurs, synonyme de perturbations thymiques et comportementales, impose une prise en charge souvent globale pouvant notamment justifier le recours à une psychothérapie ou à une thérapie cognitivo-comportementale.

L’EXAMEN PODOLOGIQUE

L’EXAMEN PODOLOGIQUE

Toujours indispensable avant l’imagerie et souvent suffisant

 

Docteur Alain HEULINE

Attaché du service de Rhumatologie de l’Hôpital Saint-Philibert

 

En une heure on ne peut se contenter  que d’une approche clinique et pragmatique motif pour lequel le titre sera la PODOLOGIE  AU PAS DE COURSE !

1. Cet examen clinique concerne tous les âges de la naissance  à quatre vingt dix ans ou plus; évidemment chez un nouveau né on pourrait me rétorquer qu’il ne marche pas; néanmoins les malformations font parties de l’examen  podologique et il n’est pas rare de découvrir une synostose qu’il est souvent nécessaire de corriger chirurgicalement en général très tôt.

2. L’examen podologique doit commencer  par la chaussure  avec quelques  éléments fondamentaux que je vais montrer  avec démonstration de l’usure dite normale ou non de la chaussure reflétant le trouble statique

3. La douleur est le maitre symptôme associée aux troubles de la marche,  elle est mécanique reliée à un névrome de Morton, une neuropathie, des troubles vasculaire  ou encore un diabète. Tout cela pour dire que la chaussure surtout est la première semelle et doit s’adapter aux déformations du pied.

4. L’examen doit se faire pieds nus mais également on examinera les membres inférieurs. L’inspection recherche une déformation (hallux valgus par exemple un varus calcanéen ou un que l’on verra bien sur le podoscope, une inégalité de longueur des membres inférieurs mais aussi un mal perforant  plantaire  en cas de diabète ou encore un pied large comme dans une acromégalie

Sinon il ne faut pas méconnaître une arthrite de l’avant pied et du média pied remarqué dans le rhumatisme psoriasique ou dans la PR et bien sur dans les troubles  métaboliques  comme la goutte ou la chondrocalcinose

Le pied ainsi douloureux peut être à l’origine de nombreux  mots : gonalgie,  rachialgies, tout cela par le biais des rotations des genoux et du bassin entraînant des contraintes mécaniques anormales

5. C’est là où le podoscope devient intéressant pour rechercher  un varus ou un valgus calcanéen sur un pied creux ou plat, apprécier les rotations interne et externe du membre inférieur nous aidant à corriger éventuellement la rotation ou la déformation  par des orthèses plantaires adaptées voir même par des simples chaussures.

Finalement la chaussure  est la première semelle, l’examen du pied doit être visuel palpatoire et podoscopique et permet en général de cibler 90%  des pathologies rencontrées, les 10% restants, sont les cas difficiles ou bien inflammatoires.

Bien sur on n’oubliera pas l’examen général à la recherche   d’une goutte, d’une artérite.

Un cas à part sont les enfants de moins de cinq ans ce sont souvent les parents qui sont inquiets et beaucoup d’orthèses sont inutiles comme par exemple pied plat valgus qui est physiologique jusqu’à l’âge de cinq ans à huit ans, qui va se corriger avec l’augmentation de la tonicité musculaire !

On ne peut pas en rester là sur l’examen clinique, il faut également rechercher des troubles neurologiques  qui peuvent être en rapport avec un névrome  de Morton, un syndrome du canal tarsien, favorisé par un varus ou un valgus du pied et de la cheville.

6. La radio est également utile à la recherche de troubles morphologique comme une synostose qui n’a pas été corrigé par la chirurgie et justife  parfois la mise en place d’orthèses.

 

Il nous reste quand même le délicat problème de cette fameuse épine calcanéenne très souvent rendue responsable de talalgies plantaires mais qui en fait n’est que le reflet de la tension de l’aponévrose plantaire sur un pied creux.

Donc il est tout à fait illusoire de vouloir traiter l’épine calcanéenne par la chirurgie par exemple puisque celle-ci est innocente le plus souvent.

Enfin dans les déformations telles l’hallux valgus ou dans les métatarsalgies rebelles la chirurgie est indiquée, le plus souvent le traitement est cinésiologique  mais également orthopédique sous la forme de la mise en place d’orthèses plantaires adaptées avec surtout de bonnes chaussures.

 

7. Cet exposé est bien sur succinct, il survole un peu toutes les pathologies mais nous avons l’avantage maintenant de connaître les points fondamentaux pour ne pas abuser de diagnostics obligeant le patient à porter des semelles, mais également de mettre en évidence une pathologie rare qu’il ne faut jamais oublier comme par exemple  la maladie de Charcot

Il vaut mieux être bien chaussé qu’être mal orthésé !

 

Références

BRAUN

A.GOLDCHER ++++PODOLOGIE Masson

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE PROTEINURIE

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE PROTEINURIE

Par quoi commencrer, par quoi poursuivre ?

 

Professeur Christian NOEL

 

Pourquoi les spécialistes de médecine générale et autres que néphrologues ne s’intéressent ils pas à la mise en évidence d’une protéinurie ?

1-    Parce que c’est trop compliqué à interpréter

2-    Parce que c’est rare et que l’on a bien d’autres chats à fouetter

3-    Parce qu’une fois qu’on la découverte, on ne sait pas quoi en faire

4-    Et finalement car ce n’est pas si simple que çà à dépister

 

Toutes ces propositions sont fausses

 

1-    Est-ce qu’il est compliqué de comprendre qu’une protéinurie a la même signification que le marc de café dans une tasse. Une protéinurie signifie une atteinte du filtre rénal (glomérulaire) et donc détecte une maladie rénale. Dans ce cas, il faut répondre à la question : est-ce qu’il est important de découvrir une maladie rénale chez un patient ?

2-    Non ce n’est pas rare notamment dans le cadre d’une population qui vieillit et vue la prévalence de la maladie diabétique.

3-    On ne sait pas quoi en faire : il faut toujours l’interpréter dans le contexte clinique d’un patient que l’on prend en charge (Diabète, complications vasculaires, cancer, antécédents rénaux personnel ou familiaux …) et s’il s’agit d’un problème rénal, est-ce compliqué de doser la créatinine dans le sang et de faire réaliser une échographie rénale ? On peut également préciser les qualités de cette protéinurie (albumine ou non, quantification sur 24h…)

4-    Pas si simple à dépister ? Oui si l’on pense que tout ce que l’on fait soi même  est une perte de temps. Effectivement, lorsqu’on n’est pas organisé, la simple bandelette urinaire peut être un vrai parcours du combattant. Son dosage en revanche est d’une facilité enfantine sur un simple échantillon.

 

Lorsqu’une protéinurie est détectée et donc significative (Albuminurie supérieure à 300 mg/24h), il faut bien sûr l’interpréter dans son contexte clinique mais l’avis néphrologique est d’importance pour faire le bilan d’une maladie rénale dont la gravité est à évaluer (indication de biopsie rénale ?). Cet avis néphrologique doit conduire à des pistes étiologiques et à une conduite à tenir en terme de surveillance et de traitement.

 

La microalbuminurie, en dehors d’une insuffisance rénale chronique, elle doit être interprétée comme un phénomène d’hyperfiltration et aura surtout une signification pronostic dans le cas d’un syndrome métabolique ou d’un diabète. On connait dans ce cas l’augmentation du risque vasculaire et l’intérêt d’utiliser des inhibiteurs du système rénine-angiotensine.

 

Le dépistage systématique à la bandelette a son intérêt car il peut détecter d’autres problèmes urinaires et conduira les explorations complémentaires dont le dosage de la protéinurie si celle-ci apparait supérieure à une croix.

 

Le dosage de l’albuminurie urinaire peut se réaliser sur simple échantillon urinaire, rapportée à la créatinine urinaire pour établir un rapport qui peut avoir une bonne valeur d’orientation en sachant, qu’en cas de doute, c’est la protéinurie des 24 heures qu’il faut utiliser.

 

LA PERIMENOPAUSE

LA PERIMENOPAUSE

Quand ça se dérègle… (contraception, humeur, poids…)

 

Docteur Geoffroy ROBIN

 

Résumé. La périménopause correspond à la transition entre la période d’activité ovarienne « normale » et la ménopause. Elle se caractérise par une véritable anarchie hormonale : d’abord hyperestrogénie secondaire à une hyperstimulation endogène ovarienne, puis alternance de phases d’hypo- et d’hyperactivité ovarienne. Il  s’agit d’une période à risque de développement ou d’aggravation de certaines pathologies gynécologiques oestrogénodépendantes. Il existe une grande variabilité interindividuelle dans l’âge de survenue et l’expression clinique de la périménopause. Son diagnostic reste pour l’instant clinique. La prise en charge de la périménopause s’impose uniquement chez les patientes symptomatiques et repose sur un traitement qui sera, idéalement, contraceptif, antigonadotrope, estrogénique substitutif et le plus neutre possible sur le plan métabolique. En cas de contre-indication aux estrogènes ou aux progestatifs, il existe des alternatives thérapeutiques, purement symptomatiques.

 

Mots clés : périménopause, transition ménopausique, syndrome prémenstruel, bouffées

vasomotrices, progestatifs, contraception estroprogestative, ISRS

 

 

1.    Définition et épidémiologie de la périménopause

 

La périménopause, période de durée variable qui précède la ménopause physiologique, correspond à la baisse progressive mais inéluctable de la fonction exocrine ovarienne (les ovulations sont de plus en plus rares), alors que la fonction endocrine persiste mais de manière incomplète et dissociée.

Pour l’OMS, elle « débute lorsque apparaissent des signes cliniques et/ou biologiques qui annoncent la survenue de la ménopause ; elle se termine une année, au moins, après les dernières règles ». Le tableau 1 permet de mieux resituer cette période au cours des différentes phases d’activité ovarienne survenant au cours de la vie d’une femme [1, 2].

Pour Treloar, en se basant sur la survenue des premiers troubles du cycle, l’âge médian de survenue de la périménopause se situe à 45,5 ans. Seules 5 % des femmes entreraient en périménopause avant 39 ans et 5 % après 51 ans [3]. La durée moyenne de la périménopause serait de 3,8 ans avec des écarts très importants [4]. En pratique, il existe une grande variabilité interindividuelle en ce qui concerne l’âge de survenue, la durée et l’importance relative des différents signes cliniques de la périménopause. L’origine ethnique et la valeur de l’indice de masse corporelle (IMC) seraient des facteurs susceptibles d’expliquer cette variabilité [5]. Par ailleurs, les bouleversements hormonaux de la périménopause surviennent en général à une période « charnière » dans la vie des femmes : le cadre familial évolue, la situation socioprofessionnelle est incertaine, et le corps se transforme. Tous ces éléments contribuent à déstabiliser ces femmes qui se retrouveront particulièrement déroutées face au cortège de symptômes invalidants dont peut être responsable cette période physiologique.

 

2.    Physiopathologie et symptomatologie de la périménopause

 

La périménopause peut se décomposer en deux phases symptomatiques de durée variable.

 

2.1  Cycles menstruels d’abord réguliers, puis raccourcis avec syndrome d’hyperestrogénie prédominant.

 

Ce premier stade de la périménopause correspond, sur le plan physiopathologique, à une altération des phénomènes de recrutement et de dominance folliculaires secondaire à la diminution qualitative et quantitative du stock folliculaire ovarien [6]. Du fait de la diminution de ce stock et d’une moindre capacité des cellules de la granulosa à répondre à la FSH, la production d’inhibine B par les cellules de la granulosa va diminuer progressivement, avec une nette accélération de cette décroissance à partir de 40 ans [7, 8]. Il s’en suit une augmentation de la libération de FSH et notamment une élévation de son pic intercyclique [9-11]. Ce phénomène aboutit à deux conséquences :

  • la première est une maturation folliculaire accélérée et exagérée (phénomène de maturation multifolliculaire dénommé également « syndrome d’hyperstimulation endogène des ovaires » [12, 13]), provoquant progressivement un raccourcissement du cycle menstruel aux dépens de la phase folliculaire [14] ;
  •  la seconde est une élévation de l’estradiolémie en phases préovulatoire et lutéale, liée avant tout au phénomène de maturation multifolliculaire, mais également à une augmentation de l’activité catalytique de l’aromatase, dans les cellules de la granulosa, sous l’effet des taux croissants de FSH [15]. Elle est responsable d’un syndrome d’hyperestrogénie ou syndrome prémenstruel (SPM) [6, 11, 16].

Le SPM associe : mastodynies, pesanteur pelvienne, prise de poids par rétention hydrosodée (hyperminéralocorticisme secondaire à l’hyperestrogènie), troubles neurovégétatifs divers (troubles du transit, nausées, asthénie, malaises…), recrudescence de céphalées d’allure migraineuse et troubles du comportement avec prédominance de symptômes appartenant au registre des troubles anxieux (angoisse, irritabilité et agressivité). Cet inconfort psychologique est mal vécu par les patientes, car non maîtrisable. De plus, il est responsable de problèmes relationnels majeurs avec l’entourage proche. Ainsi, depuis plusieurs années maintenant, le SPM sévère fait partie intégrante du DSM-IV et est considéré comme une pathologie psychiatrique invalidante susceptible d’altérer considérablement la vie des patientes [17].

En outre, cette hyperestrogénie va favoriser l’apparition, voire aggraver, les pathologies gynécologiques estrogénodépendantes :

 

  • l’hyperplasie endométriale simple, sans atypies cellulaires, responsable de ménométrorragies. Cette étiologie fonctionnelle reste la cause la plus fréquente de saignements génitaux, mais, même dans ce contexte hormonal, il s’agit d’un diagnostic d’élimination ; les investigations paracliniques seront alors incontournables (échographie avec ou sans hystérosonographie, biopsie d’endomètre, hystéroscopie, voire IRM pelvienne…), et ce, d’autant que, pour certains auteurs, la périménopause correspond à une période à risque de survenue de l’adénocarcinome endométrial [18] ;
  • l’adénomyose et l’endométriose ;
  • les fibromyomes utérins ;
  • les mastodynies et mastopathies bénignes [19].

De plus, les ovulations deviennent de moins bonne qualité, et le corps jaune qui en résulte est alors dit « inadéquat », incapable de sécréter suffisamment de progestérone. Il s’ensuit une aggravation du SPM. Cette notion d’insuffisance lutéale relative a été confirmée par Santoro et al. au cours du suivi de la cohorte SWAN [5]. En effet, il a été retrouvé une baisse modérée mais significative et progressive des taux des catabolites urinaires de la progestérone (prégnandiol) au cours de la périménopause [20].

Enfin, la baisse de la fécondité qui résulte logiquement de tous ces bouleversements hormonaux sera présente dès le début du déclin ovarien et sera considérée comme le premier signe de la périménopause, avant même que ne s’installent tous les autres symptômes.

 

2.2  Irrégularités menstruelles avec syndrome d’hypoestrogénie prédominant

 

Au fur et à mesure du vieillissement ovarien, à l’approche du seuil critique du nombre de follicules, ceux-ci deviennent de plus en plus résistants aux gonadotrophines [21]. L’intensité de ce phénomène varie d’un follicule à un autre. En effet, alors que certains n’ont plus la capacité de répondre à la FSH, d’autres ont conservé une « fenêtre » de sensibilité à la FSH suffisante pour répondre exagérément aux taux élevés de FSH circulante chez ces patientes

[22]. Ainsi, la longueur des cycles va devenir variable selon qu’il y a ou non maturation folliculaire terminale [23, 24]. Dès lors, deux phénomènes hormonaux vont s’alterner [6, 11].

 

2.3  Phases d’hypofonctionnement ovarien, prédominantes et responsables d’un syndrome d’hypoestrogénie

 

Ce dernier associe des bouffées vasomotrices, avec sueurs nocturnes, une sécheresse vaginale, pouvant s’accompagner de dyspareunies, des troubles de l’humeur d’intensité variable, des troubles du sommeil à type d’insomnie (en rapport ou non avec la survenue d’épisodes de

bouffées vasomotrices [25]), une baisse significative de la libido, des troubles génito-urinaires (recrudescence des cystites aiguës, incontinence urinaire d’effort, prolapsus…) [26] mais également un début de déminéralisation osseuse, dont les conséquences dépendront du capital

osseux initial.

Des travaux récents ont mis en évidence une dégradation de la fonction respiratoire au cours de la périménopause. Elle serait apparemment liée aux phénomènes d’hypofonctionnement ovarien s’accompagnant d’une hypoestrogénie. Cette donnée serait surtout capitale pour

les patientes souffrant déjà de pathologies respiratoires chroniques (asthme, bronchites chroniques obstructives…) et concernerait plus volontiers les femmes minces, dont le BMI est inférieur à 23 kg/m2. Les mécanismes physiopathologiques incriminés restent encore obscurs [27].

Plus récemment encore, Bonomo et al. [28] ont étudié le profil neuroendocrinien des femmes en période périménopausique. Ils ont ainsi observé des taux d’interleukine-6 plus élevés, une augmentation des taux de cortisol plasmatique, ainsi qu’une activité augmentée des récepteurs

aux glucocorticoïdes. Ce profil augmenterait le risque de développer des maladies neurodégénératives. La périménopause pourrait ainsi constituer un facteur environnemental « déclencheur » chez certaines femmes ayant une prédisposition héréditaire à développer une pathologie neurodégénérative [28].

 

2.4  Phases d’« hyperstimulation endogène » des ovaires responsables d’un SPM

 

De façon aléatoire, un ou plusieurs follicules vont redevenir sensibles à la FSH et échapperont ainsi au phénomène d’atrésie. Ainsi, une maturation plurifolliculaire avec hyperestrogénie, voire éventuellement une ovulation, va se produire [22]. Néanmoins, ces cycles ovulatoires vont devenir, d’une part, de plus en plus rares, et, d’autre part, de plus en plus courts en raison du caractère de plus en plus médiocre de la qualité des ovulations [22]. L’intrication et l’alternance de ces différents états hormonaux (irrégularité menstruelle et alternance de signes d’hyperestrogénie et d’hypoestrogénie) peuvent, chez certaines femmes, altérer considérablement la qualité de vie et rendent cette « période charnière » particulièrement difficile à gérer pour les cliniciens [29, 30].

 

3.    Diagnostic d’un état périménopausique

 

Il s’agit d’un diagnostic avant tout clinique, facile à évoquer devant l’association d’un raccourcissement des cycles menstruels ou d’une alternance de cycles longs et de cycles courts, avec un SPM et/ou des signes de carence estrogénique.

Les dosages de FSH et d’estradiol ne sont d’aucune utilité au diagnostic de périménopause. En effet, comme évoqué précédemment, leurs taux sont soumis à d’importantes fluctuations, reflétant l’irrégularité du fonctionnement ovarien, ce qui rend leur interprétation délicate. En revanche, Sowers et al. ont étudié les taux de FSH et d’estradiol plasmatiques annuels pendant une quinzaine d’années au sein d’une cohorte de 629 femmes [31, 32]. L’âge médian des femmes de cette cohorte à l’inclusion était de 38 ans. Ces auteurs ont ainsi mis en évidence des taux critiques d’estradiol et des variations critiques de la cinétique de la FSH qui, combinées aux caractéristiques menstruelles et à l’âge des patientes, pourraient constituer une

aide pour les cliniciens afin d’évaluer le statut ovarien [31, 32]. Ces données mériteraient d’être validées en pratique dans cette indication.

La chute du taux d’inhibine B sérique est pour certains auteurs un marqueur du vieillissement au cours de la périménopause [33]. Néanmoins, la grande variabilité de ce taux au cours du cycle rend l’interprétation de son dosage délicate et n’en fait donc pas un marqueur diagnostic formel.

Le dosage de l’hormone antimüllerienne (AMH) est apparu depuis plusieurs années comme un nouveau marqueur de la réserve ovarienne, et donc, du vieillissement ovarien [34]. Son dosage est fiable, et la reproductibilité des résultats est bonne. Ainsi, l’équipe de van Rooij et al. a émis l’hypothèse que le dosage de l’AMH pourrait s’avérer utile au diagnostic de périménopause dans les situations cliniques douteuses [35]. Plus récemment, Sowers et al. ont mis en évidence que la chute importante des taux sériques d’AMH précédait de cinq ans l’arrêt des menstruations [36].

Il n’y a que dans un contexte d’infertilité que ces dosages, réalisés au troisième jour du cycle et couplés à une échographie pelvienne, gardent leur indication pour dépister une insuffisance ovarienne « incipiens ».

 

4.    Prise en charge de la périménopause

 

À l’évidence, les femmes asymptomatiques ne relèvent d’aucun traitement. Un traitement ne sera proposé qu’aux femmes dont la périménopause est symptomatique et qui en font la demande. Ce traitement devra tenir compte du terrain métabolique de la patiente et des éventuelles contre-indications aux traitements hormonaux. Le but de la prise en charge médicale de la périménopause est de faire disparaître les symptômes tout en conservant, si possible, un effet contraceptif. En effet, la grossesse, bien que rare compte tenu du net déclin de la fertilité, est encore possible à cette période. Alors que certaines femmes pensent être protégées du risque de grossesse au cours de la période périménopausique, il est ainsi intéressant de noter que sur les 137 497 IVG pratiquées en 2002 en France, 8 324 d’entre elles concernaient des femmes de 40 à 44 ans, et 1 057 d’entre elles concernaient des femmes de plus de 45 ans [37]. Les grossesses, qui surviennent chez des femmes en périménopause, s’accompagnent d’une augmentation du risque d’anomalies chromosomiques et d’accidents obstétricaux (pathologies vasculoplacentaires, fausses couches précoces et tardives, mort foetale in utero, diabète gestationnel, menaces d’accouchement prématuré…) [38]. En outre, pour certains auteurs, le phénomène intermittent de maturation multifolliculaire expliquerait l’augmentation de fréquence des grossesses gémellaires dizygotes avec l’âge maternel, et ce, malgré le déclin associé de la fertilité [39]. Ces grossesses gémellaires constituent à elles seules un facteur de risque majeur de nombreuses complications obstétricales.

 

4.1 Thérapeutiques hormonales

 

Elles seront envisagées chaque fois qu’il sera nécessaire de régulariser des cycles, d’atténuer les signes d’hyperestrogénie, de compenser les manifestations d’hypoestrogénie, d’assurer une contraception efficace et, enfin, de prévenir les conséquences à long terme de cette période d’anarchie hormonale (hyperplasie endométriale, mastopathies bénignes, ostéopénie…).

 

Progestatifs seuls

 

Ils sont indiqués dans la correction des troubles des règles, la protection de l’endomètre et la prise en charge de pathologies estrogénodépendantes. La séquence progestative consiste à prescrire un progestatif de type prégnane ou norprégnane :

  • soit du 16e au 25e jour du cycle, pour simplement régulariser les cycles, en l’absence de ménométrorragies et de désir de contraception ;
  • soit pendant 13 à 15 jours consécutifs, en commençant leur administration plus tôt dans le cycle, lorsque les signes d’hyperestrogénie prédominent. L’inhibition de l’ovulation sera alors inconstante [40] ;
  • soit pendant 20 à 21 jours consécutifs (classiquement du 5e au 25e jour du cycle), ce qui permettra de renforcer l’activité antigonadotrope et d’assurer ainsi un effet contraceptif. Néanmoins, les progestatifs ainsi administrés ne disposent pas de l’autorisation de mise sur le marché en tant que contraceptifs [41].

Ce traitement progestatif permet de protéger l’endomètre et prévient l’apparition d’une hyperplasie endométriale, secondaire à l’hyperestrogénie et/ou à l’anovulation  [42].

Tant que persiste une sécrétion estrogénique suffisante, une hémorragie de privation survient environ trois jours après la fin de traitement. En l’absence de règles, il convient bien entendu de réaliser un dosage plasmatique d’hCG. Ce dernier dosage étant négatif, la séquence progestative peut être reprise comme si l’hémorragie de privation était survenue. Si l’aménorrhée se répète sur trois cycles successifs, le diagnostic de ménopause est alors

vraisemblable et l’on discutera de l’indication éventuelle d’un traitement hormonal substitutif (THS).

Les données de l’étude WHI ont conduit à incriminer les progestatifs comme étant de potentiels agents carcinogènes au niveau du tissu mammaire [43]. Fabre et al. se sont intéressés ainsi au risque de cancer du sein chez les femmes ayant utilisé des progestatifs en préménopause. Pour cela, ils ont analysé les réponses de 73 664 femmes, interrogées par autoquestionnaire, parmi les 99 897 participantes de l’étude française E3N [44]. L’étude concernait uniquement des femmes n’ayant pas utilisé de progestatifs avant 40 ans et ménopausées à un âge « normal », c’est à-dire après 40 ans. L’analyse globale des données n’a pas montré de sur-risque de cancer du sein en cas de prise de progestatifs avant la ménopause (RR = 1,01 ; intervalle de confiance 95 % : [0,93-1,11]). En revanche, lorsque l’on s’intéresse à la durée d’utilisation des progestatifs, l’analyse du sous-groupe de femmes en cours de traitement montre qu’il existe une augmentation modérée mais significative du risque de cancer du sein chez les femmes utilisant des progestatifs oraux seuls depuis plus de quatre ans et demi, après l’âge de 40 ans et avant la ménopause (RR = 1,44 ; intervalle de confiance 95 % : [1,03-2,00]). Fabre et al. émettent ainsi l’hypothèse que les progestatifs

de synthèse ont un effet promoteur (mais non initiateur) sur des cellules mammaires précancéreuses [44]. Néanmoins, dans le sous-groupe de femmes ayant utilisé des progestatifs

au cours de cette période mais qui ont arrêté d’en utiliser au moment de leur inclusion dans l’étude, il n’est pas retrouvé de sur-risque de cancer du sein, et ce, quelle que soit la durée d’utilisation antérieure des progestatifs. Cette observation suggère une atténuation rapide de l’effet promoteur dès l’arrêt du traitement.

 

Associations estroprogestatives Traitement de « freinage-substitution » (TFS)

 

Il sera indiqué au moment de la période dite « charnière » avec alternance de signes d’hyperestrogénie et d’hypoestrogénie [45]. Il consiste à administrer pendant

20 à 21 jours sur 28, un progestatif antigonadotrope de type prégnane ou norprégnane, pour freiner le fonctionnement fonctionnement ovarien et éviter ainsi les poussées d’hyperestrogénie et d’y associer une substitution estrogénique pour pallier les manifestations d’hypoestrogénie (induites à la fois par les phases d’hypofonctionnement ovarien à ce stade et par le freinage ovarien secondaire à l’administration du progestatif antigonadotrope). En effet, l’oestradiolémie baisse significativement au 10e jour d’administration, puis réaugmente lors de la fenêtre d’arrêt [46]. L’administration des estrogènes est donc licite en seconde partie du traitement progestatif, pendant une dizaine de jours. Néanmoins, au fur et à mesure que l’on se rapproche de la ménopause, la reprise de la fonction ovarienne se fait de plus en plus difficilement, et les signes d’hypoestrogénie apparaissent alors pendant la phase d’arrêt et pendant la première partie du traitement progestatif. L’adaptation du traitement passera par une augmentation de la durée d’administration de la séquence estrogénique, et il est fréquent qu’avec le temps, estrogènes et progestatifs soient prescrits simultanément sur la même durée, c’est-à-dire 20-21 jours sur 28. En pratique, on prescrit le 17-β-estradiol à la posologie

de 1 à 2 mg/j, en respectant les contre-indications habituelles des estrogènes. En cas d’antécédents personnels ou familiaux de facteurs de risque vasculaires ou métaboliques, la voie percutanée sera préférée à la voie orale, car elle permet de s’affranchir de l’effet de premier passage hépatique des estrogènes.

Bien que peu d’études soient disponibles, ce traitement semble très satisfaisant sur le contrôle du cycle, des symptômes d’hyperestrogénie et des bouffées de chaleur [47, 48]. Par ailleurs, la tolérance métabolique reste bonne [49].

 

Et la pilule estroprogestative ?

 

En France, son utilisation au cours de cette période de la vie génitale n’est pas courante en raison des craintes, plus ou moins fondées, vis-à-vis de la tolérance métabolique et vasculaire de l’éthinylestradiol par voie orale, réputée médiocre dans cette tranche d’âge. Pourtant, dans les pays anglo-saxons, elle est largement prescrite en période périménopausique, après recherche de contre-indications formelles bien entendu (tableau 2).

Les estroprogestatifs anticonceptionnels sont en effet une alternative acceptable dans la prise en charge de la période périménopausique à toutes ses phases : efficacité contraceptive et réduction prouvée des différents symptômes [50]. Les estroprogestatifs de troisième génération faiblement dosés en éthinylestradiol (15 à 20 μg) sont utilisés de préférence, pour leur meilleure tolérance métabolique [51] et tensionnelle [52] (tableau 3). Parmi ces associations estroprogestatives, celles contenant la drospirénone, progestatif dérivé de la spironolactone, semblent intéressantes par leur efficacité dans l’amélioration de la symptomatologie du SPM [53, 54]. Leur utilisation en période périménopausique mériterait donc d’être évaluée plus précisément chez les femmes présentant des SPM particulièrement invalidants.

La surveillance métabolique et mammaire sera, à cet âge, particulièrement soigneuse.

À noter par ailleurs que, bien que s’affranchissant théoriquement de l’effet de premier passage hépatique, il n’existe, à l’heure actuelle, aucun argument indiquant que les estroprogestatifs anticonceptionnels administrés par voie extra-orale (patch cutané Evra® et anneau vaginal

Nuvaring®) soient mieux tolérés sur les plans vasculaire et métabolique que ceux administrés par voie orale [55-57].

 

Comment affirmer le diagnostic de ménopause ou « quand passer du TFS ou de la contraception estroprogestative au THS » ?

 

Habituellement, sous TFS ou sous contraception estroprogestative, la régularité des cycles est excellente, et la symptomatologie clinique de la périménopause est quasi inexistante. Le diagnostic clinique de ménopause devient alors impossible. Deux méthodes sont alors envisageables [58] :

  • soit le traitement estroprogestatif est interrompu, et il est prescrit un test au progestatif jusqu’à ce que l’on obtienne une aménorrhée sur trois mois consécutifs ; une méthode de contraception mécanique sera alors envisagée en attendant le diagnostic de certitude de ménopause ;
  • soit il est possible de réaliser des dosages d’estradiol et de FSH plasmatiques à la fin de la fenêtre thérapeutique, le jour de la reprise du traitement estroprogestatif : une FSH très élevée et une estradiolémie franchement basse permettront d’évoquer, avec une forte probabilité, le diagnostic de ménopause. Une interruption de traitement, avec répétition des dosages hormonaux sus-cités, la mise en route d’un test aux progestatifs sur trois mois consécutifs ou un relais direct avec un THS seront alors discutés avec la patiente. Cette attitude proposée par certains auteurs est encore controversée [58]. En effet, aucune étude n’est venue, à ce jour, valider le bienfondé de cette attitude.

 

Système intra-utérin au lévonorgestrel (Mirena®)

 

Ce système intra-utérin (SIU) délivre en continu, pendant cinq ans, du lévonorgestrel dans la cavité utérine. Ce dispositif permet une réduction de près de 96 % de l’abondance du flux menstruel [59]. Il s’agit donc d’une méthode envisageable chez une patiente en période périménopausique se plaignant surtout de ménométrorragies dont le caractère fonctionnel aura été formellement établi, et souhaitant une contraception efficace. Ce SIU hormonal représente ainsi une alternative acceptable à l’hystérectomie, au moins durant les premières années de prise en charge [60, 61]. Sa place dans la prise en charge des hémorragies génitales d’origine utérine liées à d’autres pathologies gynécologiques est en cours d’évaluation.

Concernant l’adénomyose, les résultats sont plutôt prometteurs sur la réduction de  ’abondance des ménométrorragies [62] et de l’intensité des dysménorrhées [63].

En cas d’apparition de signes d’hypoestrogénie, il est tout à fait possible de prescrire une séquence d’estrogènes seuls par voie percutanée ou orale, la « protection » vis à-vis de l’hyperplasie endométriale étant assurée in situ par le lévonorgestrel. Plusieurs travaux ont permis de confirmer le bien-fondé et l’innocuité de cette attitude [64-66].

 

4.2 Thérapeutiques non hormonales

 

Elles seront indiquées en cas de contre-indications aux traitements hormonaux ou si la patiente refuse un tel traitement. Il s’agit en fait de traitements purement symptomatiques.

 

SPM

 

Un déficit partiel de la transmission synaptique sérotoninergique de certains circuits neuronaux, induit ici par l’ensemble des bouleversements hormonaux de la périménopause, semble jouer un rôle majeur dans la physiopathologie du SPM et expliquerait ainsi la symptomatologie psychique, mais également une partie des symptômes somatiques de ce syndrome [67, 68].

De nombreux travaux ont démontré l’efficacité des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) dans la prise en charge des symptômes psychiques et somatiques du SPM en général, mais pas spécifiquement au cours de la périménopause [69].

Plus récemment, une étude évaluant l’efficacité d’un ISRS, l’escitalopram (Seroplex®), dans la prise en charge des femmes en période périménopausique fait état d’un réel bénéfice de ce traitement, d’une part, sur les troubles anxiodépressifs et, d’autre part, sur les symptômes physiques du SPM [70]. Néanmoins, il s’agit des premiers résultats d’une étude prospective sur 20 femmes, sans comparaison avec un groupe témoin, ayant duré seulement huit semaines. Ainsi, d’autres travaux sur de plus grandes cohortes, avec randomisation, en comparaison avec un placebo et sur de plus longues périodes d’évaluation sont nécessaires pour préciser la place exacte de cet ISRS dans la prise en charge du SPM survenant au cours de la périménopause.

 

Bouffées vasomotrices ou bouffées de chaleur

 

La chute brutale des taux d’estrogènes au cours des périodes d’hypoactivité ovarienne va perturber certains systèmes neuronaux impliqués dans la régulation de la température corporelle : le système opioïde, dont le rôle est aujourd’hui contesté, le système dopaminergique [71], le système noradrénergique, dont l’implication semble actuellement primordiale [72], et le système sérotoninergique, dont le rôle est probablement indirect [73, 74]. Une élévation des taux circulants d’interleukine-8 serait également impliquée dans les phénomènes de vasodilatation périphérique au cours des bouffées vasomotrices des femmes en période périménopausique [75].

Indépendamment des mesures hygiénodiététiques (arrêt du tabac, limitation de la consommation d’alcool, de café…) et plutôt que d’autres molécules de nature non hormonales, qui ont montré une efficacité plus ou moins franche dans la prise en charge des bouffées vasomotrices (β-alanine, véralipride, clonidine, α-méthyldopa), les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) représentent un apport nouveau et intéressant. Ainsi, une étude a récemment démontré l’efficacité de la venlafaxine (Effexor®) sur la symptomatologie dépressive et vasomotrice des femmes en période

périménopausique [76], confirmant ainsi les données recueillies chez les femmes ménopausées [77].

L’escitalopram, ISRS dont nous avons déjà évoqué le rôle prometteur dans la prise en charge du SPM, aurait également une efficacité sur les bouffées vasomotrices des femmes en période périménopausique. Là encore, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour évaluer plus précisément l’efficacité de cette molécule dans cette indication [70].

 

Troubles psychiques

 

Ils sont très variés (du trouble anxieux au syndrome dépressif) et nécessitent l’utilisation, lorsqu’ils altèrent réellement la qualité de vie de la patiente, de psychotropes (anxiolytiques et antidépresseurs). Cette prescription se fera en tenant compte des antécédents psychiatriques personnels et familiaux de la patiente et, si nécessaire, en collaboration avec un psychiatre [78].

Des travaux récents semblent indiquer que la période périménopausique est une période à plus haut risque de développer un syndrome dépressif que la période ménopausique [79, 80]. Dans l’étude de la symptomatologie dépressive des femmes de la cohorte SWAN, l’odds ratio varie de 1,3 à 1,7 et est hautement significatif (p < 0,005) [81]. Ce risque augmente avec le temps et est donc plus élevé en périménopause tardive qu’en périménopause débutante [81].

Ce sur-risque s’explique, à la fois, par les bouleversements hormonaux majeurs survenant au cours de cette période mais également par le contexte psychosocial inhérent à cette période « charnière » dans la vie d’une femme (changements de la situation professionnelle, modifications de la structure familiale avec le départ des enfants…) [78]. Aucun facteur de risque, cliniquement identifiable et permettant de dépister des femmes plus à risque de développer un syndrome dépressif au cours de cette période, n’a actuellement été identifié. Les antécédents personnels ou familiaux de syndrome dépressif sévère eux-mêmes n’ont pas été retenus comme des facteurs de risque significatifs de présenter un syndrome dépressif au cours de la périménopause [82]. Il semble donc opportun de rechercher systématiquement en

consultation un syndrome dépressif chez toute femme en période périménopausique.

 

Sécheresse vaginale

 

Elle est en général source de dyspareunie superficielle ou d’intromission, qui rend les rapports sexuels pénibles.

Il est possible d’utiliser des gels lubrifiants simples à base d’eau (gel Ky®, Prémicia®, Sensilube®, Taïdo®) ou plus élaborés (Replens® et Monasens®), voire des estrogènes à

action locale stricte, administrés par voie vaginale, sous la forme de crèmes ou d’ovules (Colpotrophine®, Trophigil®, Physiogine®…), et dont le passage systémique est infime.

 

 

 

4.3 Cas particuliers dans la prise en charge de la période périménopausique

 

Mastodynies et mastopathies bénignes

 

La pathologie mammaire est fréquente à ce stade de la vie génitale : 47 % de mastodynies et 19 % de mastopathies bénignes chez ces femmes en période périménopausique, selon l’enquête PROPAUSE de Lopès et Schatz [83]. Ces mastopathies sont en général révélées, voire aggravées, au cours des périodes d’hyperestrogénie relative. L’efficacité des progestatifs sera d’autant meilleure que le traitement sera prescrit rapidement. Classiquement, ils seront prescrits au moins 15 jours par cycles. Les progestatifs 19-norstéroïdes, dérivés de la testostérone, seraient pour certains auteurs plus efficaces [84-86], mais leur tolérance clinique (acné, séborrhée, hirsutisme…), vasculaire et métabolique médiocre, surtout à cette période de la vie où le syndrome métabolique est particulièrement plus fréquent (confer infra), font préférer les norprégnanes, dérivés de la 17-hydroxyprogestérone, en première intention [87].

Ces derniers ont fait la preuve de leurs effets antigonadotrope et anti-estrogénique et de leur innocuité métabolique, tensionnelle et vasculaire [88, 89]. L’acétate de nomégestrol (Lutényl®) et la promégestone (Surgestone®) ont été évalués dans cette indication : ils ont tous les deux entraîné une amélioration significative de l’intensité des mastodynies mais également une diminution, voire une disparition, des placards et nodules de mastose [90, 91].

Un dérivé prégnane, le médrogestone (Colprone®), et la dydrogestérone (Duphaston®) semblent également être efficaces dans la prise en charge de ces mastopathies avec mastodynies, même en n’étant administrés que dix jours par cycle [92].

Quoi qu’il en soit, avant tout traitement hormonal, un bilan sénologique complet reste absolument indispensable à cette période de la vie génitale.

 

Ostéoporose en période périménopausique

 

De nombreux travaux ont montré que les premiers remaniements osseux, prémices de l’ostéoporose postménopausique, débutent dès la période de périménopause [93-96]. Les mécanismes de la résorption osseuse impliqueraient, ici, davantage les fluctuations hormonales brutales de la périménopause que les taux moyens d’estradiol circulant [97].

L’ostéoporose, surtout en cas de facteurs de risque préexistants, pourrait ainsi apparaître dès cette période.

Cela justifie de rechercher les principaux facteurs de risque d’ostéoporose chez toutes les femmes périménopausiques.

Si cette enquête est positive, la réalisation d’une ostéodensitométrie sera incontournable, et la substitution estrogénique n’en est que plus recommandée (pilule estroprogestative [98] ou TFS [58]).

En cas de contre-indication aux estrogènes et lorsqu’il faut prévenir, voire traiter,  l’ostéoporose, indépendamment des conseils hygiénodiététiques (arrêt du tabac, exercice

physique doux et régulier, lutte contre la sédentarité, le surpoids et la maigreur…), d’autres classes thérapeutiques pourront être utilisées : compléments vitaminocalciques, biphosphonates, modulateurs sélectifs des récepteurs aux estrogènes (SERM) et, plus récemment, le ranélate de strontium (Protelos®). Un avis rhumatologique sera souhaitable en cas d’ostéoporose diagnostiquée lors de l’ostéodensitométrie (T score < –2,5).

 

Ménométrorragies fonctionnelles (hyperplasies endométriales sans atypies cellulaires)

 

Après avoir éliminé une cause organique, un traitement par progestatifs pendant 15 à 20 jours, pendant 2 à 3 cycles consécutifs environ, permet le plus souvent de traiter ces hyperplasies dites « simples » ou « fonctionnelles ». En phase aiguë, il peut être nécessaire d’adjoindre

un traitement antifibrinolytique par voie orale ou intraveineuse, selon l’importance de l’hémorragie (acide tranexamique [Exacyl® ou Spotof®] : 2 à 4 g/j ou étamsylate

[Dicynone®] : 1,5 g/j). Dans certaines situations urgentes, le curetage hémostatique est le seul moyen d’enrayer le saignement.

La prévention de ces hyperplasies endométriales « fonctionnelles » est, quant à elle, assurée, en période périménopausique, par la prescription d’une séquence progestative de 10 à 12 jours par cycle.

Par ailleurs, rappelons que le SIU au lévonorgestrel (Mirena®) est une alternative thérapeutique tout à fait pertinente dans ce contexte, que ce soit en préventif ou en curatif [59-61, 99] (cf. supra).

 

Hyperandrogénie

 

Des symptômes d’hyperandrogénie peuvent apparaître en période périménopausique, sous-tendus par une hyperandrogénie fonctionnelle ovarienne [100, 101]. Survenant le plus souvent sur des terrains prédisposés (syndrome des ovaires polymicrokystiques préexistant connu

ou non, obésité, hyperinsulinisme…), sa constatation nécessite néanmoins une évaluation clinique et paraclinique sérieuse, afin de ne pas méconnaître une cause plus grave (tumeur ovarienne ou surrénalienne). Un TFS utilisant l’acétate de cyprotérone (Androcur®), progestatif du groupe prégnane, puissamment anti-androgène et antigonadotrope, est envisageable en complément de mesures cosmétiques. Néanmoins, pour le moment, aucune étude évaluant spécifiquement l’efficacité et la tolérance de l’acétate de cyprotérone, chez des femmes présentant une hyperandrogénie clinique en période périménopausique, n’est venue confirmer le bien-fondé de cette attitude.

 

Problématique du syndrome métabolique en période périménopausique

 

Il est maintenant admis que la prévalence du syndrome métabolique dans la population générale augmente avec l’âge [102]. Ainsi, la période de périménopause est propice

à son dépistage. En effet, il est maintenant admis par certains auteurs que la fréquence du syndrome métabolique croît progressivement dès le début de la périménopause et jusqu’à la ménopause [103]. La carence estrogénique qui débute au cours de la périménopause tardive a été évoquée comme étant un des éléments déterminants dans la survenue de ce syndrome [104]. Néanmoins, le profil androgénique des patientes périménopausiques semble également jouer un rôle majeur [105, 106]. Les données issues du suivi de la cohorte SWAN ont confirmé cette hypothèse : les femmes qui présentent un climat hormonal androgénique prédominant seraient plus à risque de développer un syndrome métabolique et donc d’aggraver leur profil de risque cardiovasculaire [107, 108].

En outre, les composantes clinicobiologiques du syndrome métabolique constituent, pour certaines, des contre-indications absolues ou relatives à la prescription de la contraception estroprogestative (tableau 2) ou du TFS. C’est pourquoi, son diagnostic constituera donc un élément clé dans la décision thérapeutique chez une femme souffrant de troubles attribuables à la périménopause (contre-indication absolue à tous les types de traitements estroprogestatifs, choix entre une pilule contraceptive ou un TFS, choix de la voie d’administration des estrogènes…).

 

5.    Génétique et périménopause : de nouvelles conceptions

 

Des données récentes issues du suivi de la cohorte SWAN ont permis d’établir certains profils génétiques « à risque » de développer certaines pathologies au cours de la périménopause. Les premières études en biologie moléculaire ont concerné l’étude des polymorphismes SNP

(single nucleotide polymorphism) de gènes impliqués dans les voies de biosynthèse des stéroïdes sexuels et dans les voies de transduction du signal hormonal [109].

Les premiers résultats ont ainsi mis en évidence qu’il existait :

  • des polymorphismes nucléotidiques du gène de la 17-hydroxystéroïde déshydrogénase qui prédisposeraient à développer un diabète de type 2 ;
  • des polymorphismes du gène du récepteur α des estrogènes associés à des troubles du métabolisme lipidique;
  • des polymorphismes du gène du récepteur β des estrogènes associés à des troubles de la minéralisation osseuse et au développement d’un syndrome métabolique ;
  • des polymorphismes du gène de l’enzyme CYP1A1 (impliquée dans la conversion de l’estrone en dérivés hydroxylés) qui favoriseraient l’apparition des bouffées vasomotrices et le développement de troubles de l’humeur (syndromes dépressifs).

 

6.    Conclusion

 

Ainsi, il parait clair que la prise en charge thérapeutique des femmes symptomatiques en période périménopausique repose à la fois sur une connaissance approfondie des phénomènes hormonaux qui la sous-tendent, mais aussi sur une écoute attentive des patientes. La prise en charge doit s’adapter à la grande variabilité des symptômes au cours de cette période. La périménopause représente le début du déclin de la fonction ovarienne et, surtout, l’approche inéluctable vers la ménopause, tant redoutée par les femmes. De plus, elle survient le plus souvent en même temps que de nombreux bouleversements familiaux et socioprofessionnels. Ainsi, tous ces éléments devront être pris en compte pour une prise en charge la plus globale possible, garante d’une entrée plus sereine dans la ménopause. Pour les femmes symptomatiques, un traitement sera proposé, idéalement « sur mesure », en tenant compte des contre-indications éventuelles aux traitements hormonaux et du terrain métabolique.

 

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SURVEILLANCE ACTIVE DU CANCER DE LA PROSTATE

SURVEILLANCE ACTIVE DU CANCER DE LA PROSTATE

Comment et pourquoi ne pas traiter ?

 

Docteur Georges CAVROIS

 Le protocole de surveillance active est mis en place dans de nombreux centres depuis plusieurs années, parce que l’on constate que les tumeurs prostatiques à faible risque de progression, sont en augmentation constante, partant de l’hypothèse qu’il existe deux groupes de cancer prostatiques : une forme quiescente qui pourrait être surveillée, une forme agressive qui doit être traitée précocement.

La difficulté réside dans la différentiation des ces deux formes, le PSA, le toucher rectal, l’IRM s’ils sont des indicateurs ne peuvent orienter vers l’une ou l’autre forme de cancer, seules les biopsies permettent actuellement de les différencier, par la mesure de la masse tumorale et le grade de Gleason qui permet d’appréhender l’agressivité des cellules tumorales.

Les objectifs de la surveillance active sont :

  • différer le traitement au moment où sont constatés les signes de progression de la maladie
  • préserver la qualité de vie des patients tout en leur offrant une prise en charge curative
  • identifier et ne traiter que les cancers prostatiques menaçants.

Les différentes séries internationales publiées, avec un recul allant jusqu’à 8 ans montrent que dans 30% des cas les patients inclus dans un protocole de surveillance active vont être reclassés et traités, généralement parce que le suivi a montré une progression de la maladie mais aussi parce que certains patients ont souhaité sortir de ce protocole et être traités alors qu’ils ne présentaient pas de signe de progression.

D’autres séries viennent conforter l’hypothèse des formes quiescentes ou agressives du cancer de la prostate, en constatant que les patients en progression sont des patients dont l’évaluation initiale était insuffisamment documentée, ces patients présentant d’emblée une forme agressive passée inaperçue.

C’est dire l’importance de l’évaluation initiale, en répétant la nécessité de doser le PSA une fois par an à partir de 50 ans, voire 45 ans en cas de forme familiale, de pratiquer le toucher rectal annuellement : un tiers des cancers prostatiques se développe sans modification significative du PSA, et surtout en insistant sur l’importance de l’IRM pré biopsies qui pour des tumeurs d’un volume supérieur à 0,5 cc a une spécificité de 95%, une sensibilité de 86% et une valeur prédictive négative de 95%.

Le protocole de biopsies est également un élément fondamental de l’évaluation initiale, parfois insuffisamment précis, il peut être complété par un protocole plus complet de « re biopsies précoces  » qui selon les séries, permet d’exclure 25 à 30 % de patients du protocole de surveillance active, mais retrouve 26 % de biopsies négatives.

Quels sont les critères d’inclusion ?

Le stade clinique T1c ou T2

L’IRM non suspecte.

Le PSA < 10

Une longueur tumorale < à 3mm par carotte biopsique

Moins de 3 biopsies positives

L’absence de grade 4 ou de score 7 de Gleason

La décision de « re biopsies » sera prise en réunion de concertation multidisciplinaire au vu du PSA, des biopsies et de l’IRM pré biopsies.

La proposition de surveillance active sera évoquée en consultation d’annonce avec le patient, la décision ne pourra être prise sans son consentement.

Comment le patient sera t il suivi ?

Dosage du PSA tous les 6 mois.

Toucher rectal, IRM comparative, biopsies à un an.

Résultats

Parmi les différentes équipes ayant mis en place un protocole de surveillance active, et avec un suivi moyen variant de 3,4 à 8 ans, le pourcentage de patients traités varie de 8 à 35 %, incluant les patients sans progression souhaitant sortir du protocole.

L’apport de l’IRM avant les biopsies témoigne d’une avancée dans l’évaluation initiale significative : lorsque l’IRM est suspecte: 41% de progression, lorsqu’elle ne l’est pas : 4% de progression.

Conclusion

La surveillance active permet d’éviter le sur traitement, sans négliger les formes dangereuses, menaçantes, de cancer prostatiques, celles qui tuent et deviennent incontrôlables.

Les contre indications actuelles dépendent de la masse tumorale et du grade de Gleason > 6.

La valeur du PSA est à discuter en fonction du volume prostatique et des valeurs antérieures connues.

LES PROTHESES DISCALES

LES PROTHESES DISCALES

Quelles indications ? Quels critères ? Quels résultats

 

Professeur Richard ASSAKER

 

Définition

L’arthroplastie discale consiste en la réalisation d’une dissectomie complète par voie antérieure suivie de la mise en place d’une prothèse discale, préservant ainsi la mobilité.

Introduction

La dégénérescence discale est la première étiologie de la lombalgie chronique et constitue la principale cause d’incapacité de travail chez les moins de 45 ans. Le contrôle des facteurs de risque (surpoids, tabac,..) et la prise en charge médicale conservatrice demeurent essentiels. Les traitements conservateurs ne s’avèrent pas efficaces dans tous les cas. On estime que 2,5% à 5% des patients lombalgiques chroniques résistent aux traitements conservateurs et présentent une invalidité telle qu’elle empêche toute reprise d’activité [1]. Dans ces situations, la chirurgie d’arthrodèse a démontré sa supériorité sur le traitement conservateur fonctionnel comme cela a été rapporté par Fritzell [2] dans une étude multicentrique prospective randomisée. Les techniques d’arthrodèse ont été développées dans le but de supprimer la douleur en neutralisant l’instabilité algogène du segment mobile rachidien. En dépit des bons résultats cliniques, de nombreuses controverses sont apparues quant au développement ultérieur de discopathies adjacentes et certaines études rapportent des taux pouvant atteindre 20% des cas à 10 ans [3]. Ceci a conduit au développement de nouvelles techniques, dont le remplacement prothétique du disque intervertébral [4]. Les progrès techniques et la meilleure connaissance du comportement biomécanique du disque intervertébral ont permis le développement d’implants plus fiables.

Indication

La prise en charge chirurgicale d’un patient présentant une lombalgie chronique d’origine discale (discogénique) nécessite le respect de plusieurs critères.

Clinique :

  • Le traitement chirurgical de la lombalgie ne peut se concevoir qu’après l’échec du traitement conservateur pendant plus de six mois.
  • Le handicap fonctionnel doit être significatif. Pour cela l’utilisation d’un score reproductible est souhaitable. Un score d’Oswestry (ODI) supérieur à 20/50      (40%) est requit avant d’envisager un traitement chirurgical.
  • La lombalgie discogénique doit répondre à certains critères sémiologiques. Le clinicien s’efforcera d’écarter des lombalgies liées à un déconditionnement      musculaire ou à un syndrome articulaire postérieur. La lombalgie discogénique est classiquement diffuse, irradiant en ceinture, impulsive et majorée par la position assise. Une irradiation « pseudo radiculaire » est classique mais elle doit demeurer au second plan du tableau clinique.

Radiologique :

Le bilan radiologique se doit d’être exhaustif aussi bien pour établir le diagnostic positif que pour dépister les éventuelles contre indications.

  • L’IRM constitue l’examen clé du diagnostic. Elle permet d’identifier le niveau      pathologique et d’objectiver l’atteinte discale [5]. La présence de remaniements inflammatoires des plateaux vertébraux  constitue un facteur pronostic [6].
  • Le scanner rachidien demeure un examen nécessaire car il évalue la qualité de la trame osseuse et l’état des articulaires postérieures. Un angioscanner des vaisseaux iliaques peut être couplé à l’examen pour évaluer les difficultés d’accès en fonction de l’anatomie vasculaire du patient.
  • Radiographies : les téléradiographies en charge sont également très informatives. Elles permettent d’évaluer les paramètres de l’équilibre sagittal du patient et de dépister une déformation scoliotique (contre-indication à l’arthroplastie).
  • Discographie : le diagnostic de lombalgie discogénique repose donc sur un faisceau d’arguments clinique et radiologique. Un test discographique de provocation a été prôné par certains de part sa sensibilité importante (Se>90%). Toutefois, cet examen invasif n’est plus systématique et ne sera proposé qu’en cas de doute diagnostic important, pour mieux préciser le niveau lésionnel.
  • Ostéodensitométrie : elle sera pratiquée en présence de facteurs de risques. Un  T-Score <-1 constitue une contre indication à l’arthroplastie.

Avantages théoriques de l’arthroplastie

Au terme de ce bilan, si un patient est éligible à une prise en charge chirurgicale, il convient de définir la stratégie la plus adaptée. L’arthroplastie doit être proposée à certains patients car elle présente de nombreux avantages :

  • L’abord antérieur permet de réaliser l’exérèse complète du disque qui est la source de la douleur (pain generator).
  • L’abord antérieur permet une meilleure restauration des hauteurs discale et foraminale.
  • La prothèse permet de préserver ou restaurer la mobilité segmentaire.
  • La prothèse permet de protéger les segments adjacents.
  • La prothèse permet une réhabilitation et une reprise d’activité plus rapide.

Contre-indications

Dans le cas où une arthroplastie est envisagée, il convient de s’assurer de l’absence de contre-indication.

Liées au patient : l’arthroplastie nécessite un abord antérieur qui expose à des risques vasculaires (rares) et d’éjaculation rétrograde (<1%) par dissection du plexus hypogastrique. Le patient doit en être clairement informé au préalable. De plus, tout antécédent de chirurgie vasculaire ou abdominal peut accroître les difficultés de dissection, et constituer une limite.

L’obésité constitue également une limite à l’arthroplastie. La morbidité accrue de l’abord antérieur et les contraintes mécaniques accrues exercées sur l’implant doivent limiter l’utilisation de l’arthroplastie pour un BMI< 35.

L’ostéoporose : un T-Score <-1 constitue une contre-indication classique de part le risque d’impaction de la prothèse dans les plateaux adjacents (« trop fragiles »).

Une atteinte articulaire postérieure doit faire contre-indiquer l’arthroplastie. Si le patient présente une douleur articulaire associée, le maintient de la mobilité va entretenir ces contraintes et être à l’origine d’un mauvais résultat thérapeutique. En cas de doute, une infiltration articulaire peut servir de test thérapeutique (« block-test »). Une hypertrophie articulaire objectivée au scanner doit imposer la même prudence.

Une déformation vertébrale (scoliose ou spondylolisthésis) connue ou dépistée constitue une contre-indication classique à l’arthroplastie. 

Résultats

Efficacité

Plusieurs études prospectives randomisées ont été publiées comparant la chirurgie d’arthrodèse avec la prothèse discale. De nombreuses études ont démontrées un bénéfice immédiat après arthroplastie. La mise en place d’une prothèse permet une hospitalisation plus courte et une reprise d’activité plus précoce. Les douleurs postopératoires sont également largement diminuées. Concernant le contrôle de la lombalgie et le statut fonctionnel, l’arthroplastie a démontré son efficacité en comparaison à l’arthrodèse qui demeure toutefois le traitement chirurgical de référence. Certaines études rapportent une supériorité de l’arthroplastie tandis que d’autres ne retrouvent pas de différence significative entre les deux modalités de traitement [7-9]. Il n’existe que peu d’études rapportant les résultats à long terme, et nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la pérennité de l’implant [10].

Discopathie adjacente

La préservation des disques adjacents est un des avantages « théoriques » de la prothèse discale, qui a initialement justifié sa mise au point. De manière paradoxale, il n’existe que très peu de données attestant de ce bénéfice [11]. Un suivi à très long terme est nécessaire et des travaux ultérieurs devraient nous renseigner.

Complications

Les complications de l’abord antérieur sont inhabituelles en chirurgie rachidienne et le patient doit en être clairement informé. Des complications digestives, vasculaires, neurologiques, ou sexuelles peuvent se rencontrer mais demeurent tout à fait exceptionnelles. Ces mêmes études ont rapporté des taux de complications et de morbidité similaires entre l’arthrodèse postérieure et la prothèse lombaire. Les complications sont plus liées à la voie d’abord ou à la technique de pose ce qui souligne que cette chirurgie doit être réservée à des chirurgiens spécialisés et expérimentés à cette technique.

Conclusion

Le traitement chirurgical de la lombalgie discogénique ne s’envisage qu’en cas d’échec des mesures conservatrices. La prothèse discale est une alternative thérapeutique séduisante. Une sélection drastique des indications est nécessaire. Les résultats préliminaires sont encourageants mais les résultats à long terme demeurent largement inconnus.

 

HAS 2011 : 

1. « La prise en charge est assurée en cas de lombalgie discogénique, chronique et invalidante, résistant à un traitement médical bien conduit pendant au moins 6 mois et de préférence 1 an, chez un sujet adulte de moins de 60 ans, porteur d’une discopathie lombaire ou lombo-sacrée symptomatique. Un seul disque pathologique doit être remplacé par prothèse discale lombaire.»

2. « La décision de pose d’une prothèse discale lombaire doit prendre en compte les trois dimensions suivantes : clinique, imagerie et psycho socio professionnelle.»

3. « Le nombre d’implantations de prothèses discales lombaires attendu par an doit être d’au moins 15 par équipe chirurgicale.»

4. « Un chirurgien ayant des compétences en chirurgie vasculaire doit être disponible au sein de l’établissement.» 

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11. Harrop JS, Youssef JA, Maltenfort M, et al. Lumbar adjacent segment degeneration and disease after arthrodesis and total disc arthroplasty. Spine 2008; 33:1701-7.

Editorial 2013

Continue………. Vous avez dit “Continue” ?

Le FORMATHON a 25 ans. Vingt cinq années au cours desquelles nous avons décliné l’idée que nous nous faisions de la Formation Médicale Continue.

En 1988 notre confrère et ami Patrick Cousin crée et propose un concept de “journées marathon de formation”. Véritable congrès régional de médecine générale, le FORMATHON a eu pour ambition d’être la vitrine de la FORMATION Médicale Continue associative, d’en faire la promotion et d’insuffler une nouvelle dynamique au sein des associations locales. Depuis lors, les modalités de fonctionnement demeurent et reposent sur trois principes :

  • le recueil et l’identification des besoins exprimés par les confrères et congressistes.
  • l’élaboration des objectifs pédagogiques par des médecins généralistes en collaboration avec les experts spécialistes et au plus proche des problématiques spécifiques de l’exercice de la médecine générale.
  • l’évaluation systématique de la pertinence et de l’efficacité de l’enseignement dispensé.

Cette Formation Médicale Continue non conventionnelle s’est toujours imposée à nous comme une évidence, nécessaire prolongement de notre métier de médecin, tant il est vrai que cette démarche de perfectionnement et de réactualisation des connaissances participe non seulement au développement du savoir, mais également, et nous l’avons souligné en permanence, à celui du savoir-faire et du savoir-être.

Depuis, l’article 59 de la loi de réforme de 2009 a introduit dans le cadre de la santé publique la notion de Développement Professionnel Continu (DPC) des professionnels de santé, intégrant la Formation Professionnelle Continue (FPC) et l’Évaluation des Pratiques Professionnelles (EPP), l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins ainsi que la prise en compte des priorités de santé publique et de la maîtrise médicalisée des soins. Il est précisé par ailleurs que le DPC constitue une obligation à laquelle chacun doit satisfaire. Il s’agit au final de mobiliser et d’inciter le plus grand nombre, à une démarche de qualité certes, mais surtout, à une rationalisation de la pratique médicale.

Nous observons donc une différence notable de philosophie entre ces deux entités que sont la FMC «traditionnelle» et le DPC . Mais après tout peu importe, car les deux sont compatibles et il ne nous est pas demandé d’abandonner la première pour répondre exclusivement à la seconde. Le champ de l ‘exercice de la médecine est vaste et,  par éthique, tous les aspects de la pathologie humaine nous concernent. Aucune priorité de stratégie de santé publique ne nous autorise à négliger quelque domaine de formation que ce soit.

Alors donc, oui ! au FORMATHON, ON CONTINUE !

Nous vous y attendons toujours aussi nombreux les 16 et 17 Mars 2013. 

Dr Alain Lemaire